Les surveillants de la prison de Villepinte font les transferts médicaux des prisonniers sans être armés
Publié le 3 Mars 2015
/image%2F1454484%2F20150303%2Fob_7785d1_villepinte-prison.jpg)
Villepinte (Seine-Saint-Denis)
Mis en place après les attentats de Paris, le plan Vigipirate écarlate n'est pas sans conséquences sur le fonctionnement de la police. Mais aussi sur le quotidien des prisonniers. A la maison d'arrêt de Seine-Saint-Denis, à Villepinte, les gardiens de prison se plaignent de devoir prendre à leur charge la surveillance des détenus lorsqu'ils sont hospitalisés, tâche qui, avant le 7 janvier, était confiée aux policiers.
« On a cru que ce serait ponctuel, mais cela fait presque deux mois que ça dure et les surveillants ne sont pas équipés pour cela », s'inquiète Blaise Gangbazo, représentant régional CFTC-Justice. Il rappelle au passage que les gardiens ne sont pas armés. « On peut compter sur une escorte de la police s'il s'agit d'un détenu particulièrement signalé mais, pour la surveillance à l'hôpital, ce sont les surveillants de prison qui doivent l'assurer et ça peut durer plusieurs jours. » Dans une prison d'un millier de détenus, où les problèmes de sous-effectifs sont souvent dénoncés, la nouvelle mission dérange.
Un report de certaines hospitalisations
« Si la police a des véhicules disponibles, elle peut se débrouiller pour escorter à un moment bien précis mais pas plus, confirme un fonctionnaire du département. Avec Vigipirate, c'est simple, on ne peut plus fournir ! Même la brigade anticriminalité est appelée pour sécuriser des lieux. » La situation ne mécontente pas tout le monde. Le syndicat de gardiens de la paix Alliance 93 milite depuis des années pour que ces gardes n'incombent plus aux fonctionnaires. « Sur une année, ça bloque neuf mille heures, soit l'équivalent de cinq ou six fonctionnaires qui ne peuvent pas être employés ailleurs », détaille Sébastien Bailly, porte-parole du syndicat.
La prison a fini par orienter des malades non plus à l'hôpital de rattachement d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), mais à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), qui dispose d'un hôpital, ou bien à la Salpêtrière (Paris), qui a en son sein une unité gardée et sécurisée pour les détenus. Mais les places ne sont pas infinies. « Nous reportons les hospitalisations qui peuvent l'être », admet le directeur de la prison de Villepinte, Hugues Stahl, qui a alerté le préfet la semaine dernière. Il est prévu que les policiers reprennent la main sur cette surveillance, indiquait hier la préfecture. « En anticipant au maximum les hospitalisations longues, et en sollicitant des renforts parisiens surtout sur les nuits », explique Jean-Marc Sénateur, directeur de cabinet du préfet de Seine-Saint-Denis.
Source : Le Parisien