Les grévistes de Carrefour à Aulnay-sous-Bois refusent de remplir les rayons du magasin !
Publié le 13 Mars 2015
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La CFDT et la CGT appellent, vendredi, à une journée d’action dans les hypermarchés Carrefour pour protester contre la remise en cause d’acquis sociaux et le gel des salaires. Devant le supermarché Carrefour d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), une trentaine de grévistes, bien décidés à «faire respecter leur droit, en refusant de remplir les rayons du magasin», ont fait entendre leur voix. Bruno Danet, délégué syndical CGT du magasin, revient sur la dégradation des conditions de travail des salariés de l’enseigne.
Qu’est-ce qui a déclenché la grogne des employés de Carrefour ?
Suite aux négociations annuelles obligatoires (NAO), la direction a décidé, par le biais d’un accord signé par FO et la CFE-CGC, de repousser à 12 mois l’ancienneté nécessaire pour bénéficier des primes de vacances et de fin d’année, contre trois mois par le passé. En fait, c’est une façon d’enlever les primes à bon nombre d’employés, car beaucoup ne signent que des CDD courts et vont donc être privés de primes.
Vous accusez également l’enseigne de privilégier l’actionnariat au détriment de l’investissement et des salariés…
Depuis trois ans, nous demandons une augmentation de 5%. Mais la direction ne nous écoute pas. Finalement, le seul qui a vu sa rémunération grimper, c’est M. Plassat, le PDG du groupe, qui s’est augmenté de 40% en 2013. Côté salariés, la même année, la hausse n’a pas dépassé les 2%, tout comme l’année suivante. Et pour 2015, l’accord prévoit une augmentation de 0,5%. C’est scandaleux, d’autant plus qu’en parallèle, les dividendes pour les actionnaires ont augmenté de 10%. Mais ce n’est pas tout, depuis peu, le magasin doit payer un loyer à Carrefour property [filiale du groupe propriétaire des murs des hypermarchés et supermarchés de l’enseigne, ndlr]. Pour moi, c’est du détournement d’argent, de l’évasion fiscale. Il y a deux ans, ce sont près de 4 millions d’euros qui sont partis comme cela. Cette année le loyer a été de 3 millions d’euros environ. Autant d’argent qui échappe au magasin pour mieux servir les actionnaires. Et qui ne pourra donc pas être utilisé pour augmenter les salaires ou être réinvesti pour améliorer les conditions de travail.
Que dire des conditions de travail ?
Le personnel n’en peut plus. En 2006, le Carrefour d’Aulnay comptait 636 employés en équivalent temps plein (ETP). Aujourd’hui, nous ne sommes que 419. Mais la grande surface, elle fait toujours 22 000 m2. Et le nombre de rayons à remplir, lui, n’a pas baissé, même si nous sommes beaucoup moins nombreux pour faire le boulot. Cela se traduit donc par un durcissement des conditions de travail et une concentration de la charge individuelle. Dans nos métiers, surtout du côté de la manutention, beaucoup de salariés sont touchés par les troubles musculo-squelettiques (TMS). Le minutage mis en place par la direction n’arrange rien. Résultat, pour beaucoup, tenir jusqu’à la retraite devient très difficile.
Source : http://www.liberation.fr/