Pour la première fois des Roms voteront en France aux élections municipales et européennes de 2014
Publié le 3 Janvier 2014
Avec une centaine de Roumains, Calin, Gabriella, Sorin et Mirella campent dans un bidonville installé le long du périphérique à Villeurbanne. En mars, c’est dans cette ville qu’ils iront voter aux élections municipales puis en mai pour les européennes. Ils sont vingt-deux à avoir pris, lundi (veille de la clôture des inscriptions), le chemin de la mairie pour aller s’inscrire sur les listes électorales. La loi accorde ce droit aux citoyens européens, et ils seront les premiers Roms, en France à en profiter.
Calin, 27 ans, père de trois enfants, vit depuis dix ans en France, passant de campements en squats au gré des expulsions. Dans un français approximatif appris aux cours dispensés au centre social du quartier, il dit vouloir voter « pour être mieux intégré ». « Je voudrais un travail dans le bâtiment, ou le ménage, ou éboueur… je peux tout faire », répète celui qui dit vivre « de la manche » et des dons de nourriture, de vêtements et même de bois de chauffage déposés par les automobilistes qui s’arrêtent le long du périph. Il ne sait pas encore pour qui il votera, mais assure qu’il étudiera les propositions de tous les candidats. Marianna, 25 ans, sa femme, ira voter elle aussi pour que ses enfants, scolarisés à Villeurbanne, aient « une meilleure vie ». Florin, qui fait traduire ses propos par un camarade, attend aussi beaucoup de ce vote : « J’espère qu’on attirera l’attention des élus, mais je ne sais pas si ça suffira. »
Une attestation de domicile
Pour obtenir cette carte d’électeur, ils ont dû produire une copie de leur carte d’identité et une attestation de domicile. Ils l’ont obtenue de la mairie en tant que bénéficiaire de l’aide médicale d’Etat (AME). Et en remercient aujourd’hui le maire, sans savoir que celui-ci, Jean-Paul Bret (PS), a signé le 29 septembre avec quinze élus une tribune soutenant la politique de Manuel Valls favorable au retour des Roms en Roumanie! Ces Roumains ont été accompagnés dans leurs démarches par le Mrap, l’association antiraciste. Jean-Philippe, militant du Mrap, y voit « une façon de démontrer symboliquement aux pouvoirs publics que les Roms sont des citoyens à part entière et qu’il faut cesser de les considérer comme des espèces de pions qu’on déplace entre la France et la Roumanie pour faire de la politique du chiffre qui n’est pas assumée. »
Source : Le Parisien