Les bâtiments basse consommation (1/2)

Publié le 22 Septembre 2010

Lorsqu'on entend parler de BBC, on pense assez volontiers aux ondes d'une radio anglaise sur laquelle un général en exil a prononcé quelques mots célèbres. La BBC fait également référence aux bâtiments basse consommation. Lors d'une réunion publique consacrée à la construction de logements sur une parcelle du vélodrome d'Aulnay-sous-Bois, cette norme a même été évoquée. Le principe est louable : pour anticiper l'augmentation inexorable du coût de l'énergie l'objectif est de construire ou rénover des bâtiments et des habitations afin qu'ils consomment moins. Mais les économies espérées seront-elles au rendez-vous ? Un article du Monde tente d'essayer d'y voir plus clair...   

Stéphane Fleury 

Les bâtiments basse consommation réaliseront-ils les économies espérées ?

Diviser par trois la consommation d'énergie primaire des bâtiments neufs. Cette ambition, portée depuis 2005 par la norme facultative bâtiment basse consommation (BBC), va devenir obligatoire en France pour l'ensemble des constructions neuves. La norme BBC a inspiré la nouvelle réglementation thermique des bâtiments - la RT 2012-, qui devrait s'imposer à partir du 1er juillet 2011 pour les immeubles tertiaires, les bâtiments publics et tout ce qui sera édifié dans les zones de rénovation urbaine, puis à compter du 1er janvier 2013 pour les habitations neuves. Les économies sont-elles vraiment au rendez-vous ? L'allégement des factures d'énergie compense-t-il le surcoût de la construction ? Bizarrement, à la veille de la généralisation de la BBC, personne ne semble en mesure de le démontrer.

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Des économies incertaines

"Avec ce type de bâtiment, une facture annuelle d'énergie de 1000 euros va passer à 250 euros", se félicitait Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement, venu le 28 juillet, inaugurer à Ermont (Val-d'Oise), un programme de trente-cinq logements sociaux réalisés par l'Immobilière des chemins de fer (ICF), filiale de la SNCF. L'enthousiasme du secrétaire d'Etat est tempéré par les chiffres :"sur notre parc, la facture moyenne annuelle de chauffage et d'eau chaude s'élève à 873 euros par logement, détaille François Jolivet, directeur clientèle chez ICF. Dans ce programme, où la chaleur des eaux usées est récupérée pour le chauffage, nos calculs démontrent que la facture annuelle chutera à 417 euros."  Des chiffres précis et encourageants qui restent théoriques, les trente-cinq appartements n'étant pas achevés.

Les premiers bilans montrent que les économies sont réelles, mais pas de l'ampleur espérée par M. Apparu. Les rares bilans disponibles relèvent des consommations hétéroclites et parfois éloignées des objectifs. Le bureau d'études Enertech, dirigé par Olivier Sidler, a mené une campagne de mesures à Mulhouse, quartier Franklin, sur dix logements anciens datant du XIXème siècle, lourdement rénovés entre 2006 et 2007. "On est en droit d'être un peu déçus par les résultats bruts de cette opération de rénovation, qui visait à atteindre une consommation de chauffage de 50kWh/m²/an, et qui n'arrive finalement que vers 70 à 80 kWh/m²/an", écrit Oliver Sidler, en conclusion de son bilan.

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En cause : l'étanchéité à l'air de l'enveloppe du bâtiment, négligée faute de budget, la surchauffe des appartements par les occupants et une chaudière surdimensionnée. Malgré tout, les économies restent substantielles et permettront de rembourser le surcoût des travaux liés à l'énergie (325 euros par mètre carré) en vingt ans. "Les consommations sont réellement divisées par trois ou quatre et nos études d'avant la conception s'avèrent à 10%près, confirme Loïc Vandromme, directeur de la communication de Maisons France Confort, un constructeur qui a déjà livré quatre cents maisons BBC. Mais les usagers raisonnent en euros dépensés, pas en kilowattheure, et là, les factures sont pénalisées par les coûts fixes, notamment d'abonnements. Et tout dépend de l'usage par les habitants : s'ils veulent se payer un frigo américain, qu'y pouvons-nous ?"

Source : Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde du 14 août 2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Urbanisme

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