Il manque des policiers en Seine-Saint-Denis !

Publié le 20 Novembre 2013

93-Police.jpgEn septembre, plus de 200 des 4 000 policiers que compte la Seine-Saint-Denis quittaient le département le cœur léger, ravis d’avoir obtenu leur mutation après six, dix, quinze années d’attente pour certains… Mais ces départs compliquent le travail de ceux qui continuent à veiller sur le département. « On attend les sorties d’école de décembre », convenait en octobre Philippe Galli, le préfet de la Seine-Saint-Denis. Manuel Valls a lancé une vaste campagne de recrutement pour renflouer les effectifs de police et de gendarmerie, prenant ainsi le contre-pied de la politique de Nicolas Sarkozy qui n’avait pas voulu remplacer la moitié des départs à la retraite. Les futurs gardiens de la paix terminent leur formation en ce moment et doivent choisir leur affectation pour commencer en décembre. D’après les tableaux affichés sur les sites de formation et dont nous avons eu connaissance, le compte n’y est pas : seulement 129 postes sont à pourvoir dans la Seine-Saint-Denis et uniquement dans certains commissariats. Il en manque donc au moins 70.

« C’est un bon bol d’oxygène, commente un policier, même si ça ne remplace pas tous les départs. » Les zones de sécurité prioritaires (ZSP), créées en 2012, le restent : Saint-Denis, Saint-Ouen, Aulnay-Sevran, Pantin-Aubervilliers accueilleront de nouvelles recrues, sans pour autant retrouver le nombre de fonctionnaires d’il y a quatre ans, date de la création de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), la police du Grand Paris. A l’époque, par exemple, Saint-Denis comptait 340 fonctionnaires. Avec les 21 nouveaux gardiens, le commissariat arrive aujourd’hui à 317. « A première vue, ça tient plus compte du coup de main aux copains pour les municipales », estime Bruno Beschizza, ancien officier de police, élu régional et candidat (UMP) à Aulnay-sous-Bois. Il note que Villemomble, Le Raincy et Rosny n’ont rien. L’urgence n’est pas la même partout, comme l’affirme un gradé dans un autre commissariat. Livry-Gargan, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Grand — villes dirigées par des élus PS ou apparentés — n’ont pas de renforts non plus. « Le 93 a toujours été sous-doté, regrette un gradé. Regardez, on n’est pas très loin derrière Paris en nombre de faits délictueux constatés, on a 4000 policiers alors que Paris en a 11000 avec 500000 habitants de plus que la Seine-Saint-Denis. »

Au quotidien, la débrouille est de mise : « Des brigades police secours fonctionnent à 8 ou 9 alors qu’il faudrait être entre 12 et 15; Aulnay et Sevran ont fusionné leurs BAC (NDLR : brigade anticriminalité) pour ne pas faire disparaître les brigades spéciales de terrain (BST) et la brigade de quartier (BSQ) », détaille Christophe Ragondet, du syndicat de gardiens de la paix Alliance. « Il ne faut pas perdre de vue que l’on paye aujourd’hui les politiques de recrutement du gouvernement précédent avec des suppressions de postes. Pendant cinq ans, plus de 10000 postes ont été supprimés », rappelle Stéphane Troussel, président (PS) du conseil général, préoccupé aussi par les départs de gradés et d’officiers, non remplacés. Les plus optimistes veulent croire que les futures sorties d’école (au printemps et en septembre 2014) équilibreront l’équation. « Sauf si Marseille nous pique encore des gars. En décembre, il doit y avoir 80 créations de postes là-bas. » Ni la préfecture de police ni le ministère de l’Intérieur n’ont souhaité s’exprimer.

Au tribunal de grande instance aussi, 2014 s’annonce mal. Alors que 52 postes sont nécessaires au fonctionnement du parquet, ils ne seront que 47. Certes, 400 magistrats manquent partout en France, mais à Bobigny, où la charge de travail est indéniablement lourde, c’est du jamais-vu.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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