Publié le 10 Février 2014
« Pour beaucoup c'est un coup de massue. Certains sombrent même dans la dépression », confie Léon. Cet habitant du Blanc-Mesnil participait samedi à la nouvelle mobilisation du Corigat (Collectif des riverains de la gare de triage), qui portait plus précisément sur les conséquences immobilières et fiscales de la limitation des droits à construire autour de la gare. Ce site majeur du fret ferroviaire francilien, où transitent chaque année 250 000 wagons dont 13 000 transportant des matières dangereuses, est source d'inquiétudes chez les habitants. Elus et riverains sont mobilisés depuis de nombreux mois, pour dénoncer ses dangers, mais aussi le « porter à connaissance » du 22 avril 2013. Cette décision du préfet interdit toute nouvelle construction, ainsi que les verrières ou les vérandas, dans un périmètre de 620 m autour de la gare.
150 lettres adressées au fisc
Conséquence : la valeur de l'immobilier dans ce secteur a chuté. Avec moins d'un an de recul, impossible d'avoir des données précises, mais pour certains habitants, les effets sont déjà visibles. « J'ai un projet de vente à moyen terme, quand ma famille quittera la maison, raconte Anne-Marie Delmas, membre du Corigat. J'avais fait évaluer ma maison l'an dernier, elle valait 550 000 EUR. Après le porter à connaissance, un agent immobilier l'a estimé à environ 330 000 EUR. Mon pavillon a perdu 40 % de sa valeur ! » La décote est sans doute renforcée par la taille du terrain d'Anne-Marie (plus de 1 000 m 2), qui présentait une grande valeur de par les droits à construire. « J'avais des promoteurs parmi mes clients potentiels, indique Anne-Marie. Mais là, je vais rester là encore un certain temps... »
« La décision préfectorale réduit de fait la valeur du patrimoine immobilier des habitants, observe Alain Ramos, président du Corigat. Il faut que l'Etat révise son mode de calcul des bases locatives, pour que les gens spoliés puissent payer moins d'impôts. » cela se traduirait par une baisse des taxes foncière et d'habitation. Un nouvel angle d'attaque pour le Corigat, pour qui l'objectif final est surtout d'obtenir que le tri des matières dangereuses aille se faire ailleurs. « On est dans une stratégie de harcèlement médiatique. On cherche à polluer les pouvoirs publics, que ce soient les impôts, la préfecture ou le gouvernement, pour que l'Etat réagisse d'une manière ou d'une autre », conclut Alain Ramos.
Les lettres des 150 membres du Corigat vont donc envahir cette semaine les bureaux des centres des impôts du Blanc-Mesnil et de Drancy. Parallèlement, la mobilisation des élus se poursuit, surtout qu'un nouvel incident, en fin de semaine dernière, a continué d'alimenter les craintes (lire ci-contre). Didier Mignot, maire (PC) du Blanc-Mesnil, a confirmé la tenue vendredi du premier « comité local d'information » sur la gare de triage, réunissant Etat, SNCF, RFF, élus et riverains.
Source : Le Parisien