Les mendiants priés de quitter Aulnay-sous-Bois

Publié le 5 Mai 2014

AM.jpgLa police municipale applique le nouvel arrêté antimendicité, qui vise notamment les Roms. Ceux-ci sont invités à circuler. S’ils reviennent faire la manche, ils seront verbalisés.

Hier matin, jour de marché, dans le centre-ville d'Aulnay. Par équipe de deux, les agents de la police municipale patrouillent au milieu des étals des marchands. Objectif : prévenir les personnes qui ont l'habitude de faire la manche dans ce secteur de l'existence de l'arrêté municipal antimendicité, pris le 29 avril par le nouveau maire UMP, Bruno Beschizza*.

« Pour l'instant, nous menons un travail d'information, explique Laurent Chemin, chef de service des brigades de jour à la police municipale. Nous expliquons l'arrêté aux contrevenants et nous leur demandons de quitter les lieux. S'ils reviennent, nous les verbaliserons. Ils risqueront alors jusqu'à 38 EUR d'amende. » Le message est semble-t-il passé puisque, fait exceptionnel, hier en milieu de matinée, seul un homme mendiait devant le Monoprix. « Dès 9 heures, nous avons demandé à une jeune femme rom, avec un bébé dans les bras, de circuler. Nous avons également informé un autre membre de sa famille qui faisait la manche un peu plus loin. Ils ont compris puisqu'ils sont partis en direction de la gare où ils ont pris le train. » Un jeune homme qui vendait du muguet sur le parking du marché a également été prié de quitter les lieux.

« Cet arrêté n'a pas pour objectif d'engorger les tribunaux, martèle Bruno Beschizza, venu faire un tour sur le marché. C'est un outil juridique pour permettre aux polices municipale et nationale de lutter contre la mendicité. » Le nouveau maire ne s'en cache pas : cet arrêté n'est que le prélude à l'évacuation des trois bidonvilles roms qui abritent près de 2 000 personnes.

Annie, Josette, Claude et Gilles, un groupe de retraités, n'en attendaient pas moins du maire : « Des gens qui font la manche, il y en a toujours eu. Mais là, il y en a trop. Ils sont sur le marché, dans le souterrain de la gare, partout. Et c'est sans parler des bidonvilles... Alors, oui, cet arrêté, c'est bien. » Michaël, un des barmen du quartier de la gare, ne dit pas autre chose. « Vendredi, ils étaient encore à l'entrée et à la sortie du souterrain de la gare et près du Monoprix. Il y en a qui demandent un peu d'argent, d'autres qui jouent de la musique. Cette semaine, une Rom est entrée dans le bar. J'ai dû la chasser ! Elle importunait les clients. » Même écho chez une des fleuristes du marché : « Ils vendent du muguet, du lilas, pour rien du tout ! Moi, mes fleurs, je les achète aux Halles. Du coup, c'est plus cher et personne n'en veut ! Alors, oui, que le maire les chasse ! »

Pour autant, les habitants d'Aulnay ne sont pas tous, loin de là, favorables à cet arrêté. « Moi, je prends le train tous les jours à la gare et, honnêtement, les Roms ne m'embêtent pas du tout. Pour moi, cet arrêté, c'est de l'affichage politique », commente Anette, 52 ans. « C'est vrai qu'ils sont presque tous les jours dans le souterrain de la gare. Mais franchement, ils ne sont pas agressifs, estime Ayat, 29 ans, une pharmacienne du quartier. Personnellement, je leur donne régulièrement de l'argent. Et je ne suis pas la seule. A la pharmacie, on a des clients qui achètent du lait pour leurs enfants. » Attablé au comptoir d'un café, Dominique, 58 ans, s'avoue gêné par cet arrêté : « Moi, j'habite dans les quartiers nord. Ils sont tous les jours au carrefour de l'Europe. Mais, si on ne veut pas donner, on ne donne pas. Et puis, ce sont des êtres humains. Il faut un peu d'humanisme ! »

De fait, nul n'est dupe. Cet arrêté ne va en rien régler la question rom. « Je veux juste faire passer le message que si dans certaines villes du département, tout leur est permis, à Aulnay, ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent », conclut le maire UMP.

* Il est interdit de faire la manche de 8 heures à 20 heures dans six secteurs de la ville, jusqu'au 30 septembre.

Source : Le Parisien

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Sécurité publique

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