Les personnes sans-abri trouvent refuge dans les hôtels d’Aulnay-sous-Bois et de Seine-Saint-Denis

Publié le 5 Novembre 2014

115Près de 8000 personnes, dont une moitié d’enfants, sont hébergées chaque nuit en Seine-Saint-Denis via le 115, c’est 2000 de plus qu’il y a 18 mois. Le système est à bout de souffle et des familles restent à la rue.

C'est un petit hôtel au charme désuet, dans un quartier pavillonnaire d'Aulnay-sous-Bois. Mais en poussant la porte des chambres, ce ne sont pas des touristes que l'on croise. Ici, une maman seule et ses trois enfants vivotent depuis trois ans grâce aux colis des Restos du cœur ; là, une jeune femme répond en tamoul, par l'embrasure de la porte, qu'elle est arrivée il y a six mois, avec ses deux enfants ; et puis, grimpant vaillamment l'escalier, un petit écolier au regard sérieux derrière ses lunettes rondes. Il a quatre ans, et n'a connu de maison familiale que cette chambre mansardée, qu'il partage avec ses parents et son grand frère.

Ce n'est pas nouveau, mais le phénomène ne cesse de s'amplifier. A Aulnay, en un an, le Secours populaire a vu le nombre de ses bénéficiaires multiplié par deux : « Ce sont les gens des hôtels », confie une responsable. Soit des dizaines de familles sans domicile, provisoirement installées à l'hôtel via le numéro d'urgence du 115.

Le 1er octobre, 7 962 personnes sans abri (dont 4 050 enfants) étaient ainsi hébergées dans 119 établissements hôteliers du 93. « Cela fait 2 000 de plus en 18 mois », constate éberlué le 
préfet délégué pour l'Egalité des chances Didier Leschi. L'engorgement prend des proportions inédites. Les familles sont casées dans des hôtels parfois vétustes, mais aussi des complexes récents. La Seine-Saint-Denis représente à elle seule 28 % des mises à l'abri gérées par le Pôle hébergement du Samu social de Paris en Ile-de-France (28 000 personnes au total). Faute de places disponibles, des familles dorment régulièrement à la rue. 292 personnes (dont 134 mineurs) ont ainsi dormi dehors le 20 octobre. D'autres sont envoyées dans des hôtels en grande couronne, loin des écoles des enfants et des assistantes sociales.

Pour l'association Interlogement 93, qui gère le numéro d'urgence 115, le système est à bout de souffle. Début septembre, elle a écrit aux maires pour les alerter. A chacun, elle a indiqué la situation de sa commune : nombre de sans-abris ayant contacté le 115, nombre de personnes mises à l'abri, nombre d'hôtels offrant des chambres... L'objectif : réfléchir d'autres solutions que le placement à l'hôtel, « une réponse très partielle », « temporaire et extrêmement précaire ». D'autant que l'hiver approche, et avec lui cette interrogation : pourra-t-on ouvrir des places supplémentaires d'hébergement ? « Ce n'est pas un problème financier, mais un problème de foncier. On ne sait plus où trouver des places. L'an dernier on n'a pu disposer que d'un gymnase à Pantin », indique une porte-parole d'Interlogement 93.

Le préfet pour l'Egalité des chances a lui aussi écrit aux élus sur cette question. A Saint-Denis, la gendarmerie, propriété de l'Etat, devrait être réquisitionnée, ce qui n'est guère du goût du maire PC Didier Paillard, dont la commune abrite déjà, dans 18 hôtels, 407 familles. « Depuis près de deux ans, nous proposons de racheter ce bâtiment pour en faire un lieu d'accueil pour les femmes victimes de violences et pour les jeunes en service civique. Cette réquisition retarde encore notre projet ». « On la rendra en juin, assure Didier Leschi. Le problème, c'est que ce qui devait relever de la mise à l'abri est devenu du logement pérenne. Des gens habitent à l'hôtel depuis des années ».

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Logement

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