La Seine-Saint-Denis fête ses 50 ans : la création du 93

Publié le 7 Juillet 2014

La loi du 10 juillet 1964 a imposé un nouveau découpage administratif de la région parisienne. Les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise allaient ainsi disparaître, laissant place à six nouveaux départements autour de Paris, dont la Seine-Saint-Denis. Cinquante ans après, qu'est devenu ce territoire ? Toute la semaine, le journal Le Parisien vous fait découvrir, en six épisodes, la petite et la grande histoire de ce département contrasté. Aujourd'hui, retour sur les décisions politiques ayant abouti à la création du 93. 

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Il fut surnommé le « Haussmann des banlieues ». Comme Paris avait son baron bâtisseur sous le Second Empire, la Seine-Saint-Denis a eu aussi, dans les années 1960, son préfet fondateur. C'est Paul Delouvrier, préfet de région et homme de confiance du général de Gaulle. « C'était une volonté de l'Etat, qui a pu imposer sa réforme malgré l'opposition quasi unanime des élus locaux », explique Emmanuel Bellanger, chercheur au CNRS et historien spécialiste du 93.

Au début des années 1960, l'Ile-de-France est composée de trois départements : la Seine, qui comprend Paris et 80 communes, la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne. Ce schéma hérité de la Révolution française va voler en éclats. « Le département de la Seine était devenu trop puissant. Et la Seine-et-Oise n'avait pas de cohérence : beaucoup de villes étaient pauvres et enclavées. Delouvrier voulait reconfigurer la région », détaille Emmanuel Bellanger.

La décision n'est pas sans arrière-pensées politiques. « Les communistes étaient sur le point de prendre la majorité dans le département de la Seine », rappelle l'historien. En les cantonnant à la Seine-Saint-Denis, le pouvoir gaulliste espère ainsi contenir leur influence. Le découpage vise aussi à garder le Val-de-Marne à droite, en y intégrant des communes comme Vincennes, Saint-Mandé ou Nogent. Peine perdue : il sera aussi aux mains du PC.

La proposition de Delouvrier est loin de susciter l'adhésion, tant chez les élus communistes de la Seine, qui craignent de perdre en ressources financières, que chez les socialistes ou gaullistes parisiens. Seuls quelques élus de Seine-et-Oise, comme le maire (PC) d'Aulnay Robert Ballanger, mesurent l'intérêt en termes de répartition des richesses. Au sein même du camp gaulliste, certains craignent de laisser un territoire aux mains des communistes, comme le ministre de l'Intérieur Roger Frey. Le général de Gaulle lui-même se charge de le convaincre : « Est-ce que vous imaginez que les communistes vont descendre par la rue de Saint-Denis pour aller prendre la Bastille ? Elle est déjà prise, Monsieur Frey. Il y aura des départements communistes ; et pourquoi pas, ils s'occuperont très bien de leurs affaires ».
16 communes de Seine-et-Oise seront rattachées à 24 communes de la banlieue Nord et Est de la Seine pour fonder l'actuelle Seine-Saint-Denis. Après la loi du 10 juillet 1964, il faudra attendre trois ans, et l'élection des premiers conseillers cantonaux, pour que le département devienne une réalité politique. Le parti communiste aura la majorité absolue jusque dans les années 1990 et dirigera le département jusqu’en 2008.

Dès sa création, le département reçoit son chiffre : le 93. « Il est porté avec une certaine fierté par les élus communistes, en écho à l'année révolutionnaire 1793. Ce n'est pas n'importe quel chiffre, assure Emmanuel Bellanger. Il restera dans leur esprit. »

Source : Le Parisien

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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