Seine-Saint-Denis, 40 000 jeunes en marge du monde du travail

Publié le 6 Juin 2011

L'écrasante majorité des 16 - 26 ans sans emploi échappent aux statistiques en Seine-Saint-Denis. Pas ou peu qualifiés, parfois en grande précarité, ils vivotent et perdent espoir.

cles.jpgIl y a les chiffres officiels, plutôt rassurants : selon Pôle emploi, le chômage des jeunes a baissé dans le 93 (- 6,6% en un an). Mais il y a l’inquiétude, tout aussi officielle. Celle du préfet, Christian Lambert, qui organisait en avril dernier des états généraux de l’emploi. A cette occasion, Martine Catinaud, directrice départementale du travail, notait que, "depuis novembre 2008 et le début de la crise, le chômage des jeunes a augmenté de 26 % en Seine-Saint-Denis".

Ils seraient aujourd’hui environ 40000 jeunes sans emploi dans le département, dont une écrasante majorité échappant aux statistiques de Pôle emploi.En 2010, 38000 ont poussé la porte des missions locales, ces associations dédiées à l’accompagnement des 16-26 ans vers l’emploi. "80% d’entre eux ont un bas niveau de qualification, l’équivalent du BEP-CAP au mieux", indique Pierre Mouget, responsable de la mission locale intercommunale de la Dhuys*. Leur expérience du travail, quand ils en ont une, se résume assez souvent à quelques missions d'intérim, contrats d'insertion, stages.

Abonnés au temps partiel

Un chiffre parle de lui-même : en avril, on ne recensait que 66 bénéficiaires du RSA jeunes dans le 93. Pour bénéficier de cette allocation, il faut en effet avoir travaillé 24 mois à temps plein sur les trois dernières années. Une situation rarissime chez des jeunes souvent abonnés au temps partiel et aux vacations. "Le RSA jeune, ça ne sert à rien", témoigne Angélina, 18 ans. Depuis deux ans qu’elle a quitté le  lycée, en seconde, elle n’a décroché que quelques extras en restauration. La jeune fille, qui cherche un employeur pour faire une formation en esthétique, est hébergée chez une parente au Raincy et ne peut compter sur rien d’autre que l’aide envoyée par sa maman, qui réside en Guyane.

Parfois, les jeunes sont plongés dans une grande précarité : "A la mission locale, souligne Pierre Mouget, on n’accueille pas un demandeur d’emploi, mais un jeune sans toit, une jeune fille enceinte…" Depuis quelques mois, le marché de l’emploi donne des signes encourageants dans l’hôtellerie-restauration, les services à la personne, le bâtiment, le commerce. Mais le manque de qualification reste souvent un obstacle. Yahia Bellakhal, responsable du Ricochet, entreprise d’insertion basée à la Rose-des-Vents (Aulnay-sous-Bois) s’inquiète aussi d’un "manque de perspective" : "Les plus jeunes ont vu leur grand frère chercher du travail sans en trouver. Ils finissent par ne plus y croire", explique-t-il, en s'inquiétant des difficultés grandissantes à "placer les jeunes", à l'issue de leurs contrats d'insertion.

Pourtant, même les plus éloignés de l’emploi peuvent s’y adapter : "Je me souviens de l’un d’entre eux, qui s’accrochait aux tâches les plus ingrates sur les chantiers, raconte Yahia Bellakhal. Il a fini par me confier qu’il avait enfin trouvé quelque chose pour rythmer ses journées."

* Qui couvre 6 villes : Clichy, Montfermeil, Livry-Gargan, Le Raincy, Vaujours, Coubron.
 

Source : Gwenael Bourdon, Le Parisien du lundi 6 juin 2011

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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