Natalie Dessay interpelle les ministres de la culture et de l’éducation nationale à propos du Créa (Centre d’éveil artistique d’Aulnay-sous-Bois)

Publié le 10 Janvier 2013

Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte de Natalie Dessay (photo ci-contre), marraine du CREA (Centre d’Eveil Artistique d’Aulnay-sous-Bois) et de l’ensemble des ambassadeurs du CREA, adressée à la ministre de la culture Aurélie Filippetti et au ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon.

Natalie-Dessay--c--Simon-Fowler.jpgParis, jeudi 10 janvier 2013

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,

Depuis vingt-cinq ans, le centre d’éveil artistique d’Aulnay-sous-Bois (CRÉA) développe, sous la direction de son fondateur, Didier Grojsman, un projet artistique atypique dans le paysage culturel et vocal français. Ici, enfants, jeunes et adultes issus de tous les milieux, sont accueillis sans sélection préalable pour une pratique du chant et des arts de la scène encadrée par des professionnels exigeants. Cette structure unique conjugue le plaisir et l’excellence en contribuant à l’épanouissement des individus, à la formation de leur goût et de leur esprit critique. A ce jour, l’on doit au CRÉA plus d’une cinquantaine de créations dont la qualité leur vaut d’avoir été programmées et reprises sur de nombreuses scènes nationales.

Au fil du temps, le CRÉA labellisé Grand Paris est devenu un référent incontesté en matièred’éducation artistique et de réalisations scéniques. Son action à Aulnay-sous-Bois s’est étendue dans les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, et auprès des seniors, rayonnant dans toute la ville jusqu’au coeur des quartiers sensibles, créant ainsi un lien social et intergénérationnel essentiel. A ce travail exemplaire s’ajoutent des cycles de formations en direction des professionnels de l’enfance et du spectacle partout en France. De nombreuses structures s’inspirent de la démarche du CRÉA et sollicitent son accompagnement dans la réalisation de leurs projets.

L’ensemble de toutes ces activités confèrent désormais au CRÉA une réelle légitimité, tant auprès de nombreuses personnalités du monde des Arts et de la Culture qu’auprès des grandes institutions dont l’Éducation nationale, pour laquelle le CRÉA assurera notamment, dès janvier prochain, la direction artistique et la formation d’un choeur constitué d’enseignants.

Accueilli au théâtre d’Aulnay-sous-Bois, le CRÉA, qui n’a jamais eu de lieu propre, souhaite aujourd’hui continuer et développer, avec l’ouverture du premier Centre de création vocale et scénique en France, son travail éducatif et artistique. L’ouverture d’un tel lieu est devenue essentielle pour étendre l’offre culturelle à un public élargi favorisant ainsi sur une plus grande échelle les rencontres artistiques et pédagogiques. Ce projet exemplaire, qui a le soutien plein et entier du maire d’Aulnay-sous-Bois, Gérard Ségura, et du député, Daniel Goldberg, devrait particulièrement retenir votre attention et devenir le fer de lance d’un gouvernement attentif à la jeunesse et qui dit mettre en avant l’éducation et la culture pour tous. Car le CRÉA, en matière de démocratisation et de rayonnement culturels, a depuis longtemps anticipé sur les préconisations ministérielles. Ancré au coeur d’Aulnay-sous-Bois, dans un lieu chargé d’évocations, « La Ferme du Vieux-Pays », le Centre de création vocale et scénique achèverait de donner au CRÉA le destin national auquel il est appelé par le talent de ses intervenants et la qualité exceptionnelle de son travail.

Ne dit-on pas assez, dans les hautes sphères, que la Seine-Saint-Denis, et singulièrement cette portion du territoire métropolitain, constitue le laboratoire des futurs possibles ? Ce qui réussirait ici pourrait s’appliquer partout avec bonheur. Qui, mieux que le CRÉA, est capable d’en administrer la preuve ?

Le CRÉA est l’un des outils les mieux taillés pour battre en brèche les clichés persistants sur la banlieue. Cette banlieue qui souffre et qui se bat. Cette banlieue qui subit de plein fouet l’onde de choc de la crise. Cette banlieue qui pourtant résiste et innove. Cette banlieue qui, face au pire, l’annonce de la fermeture de PSA, continue d’affirmer avec fierté un idéal d’émancipation humaine que symbolise, précisément, le CRÉA.

« L’éducation artistique et culturelle est l’un des enjeux de mon action de la maternelle à l’université. Les pratiques artistiques font partie intégrante du socle commun éducatif. C’est pourquoi il faut permettre à tous les enfants d’avoir accès à la culture, alternative à l’échec scolaire (…) ».

A vos propos, Madame Filippetti, nous répondons que le Centre de création vocale et scénique répond en tous points à ces priorités. La Ville d’Aulnay-sous-Bois, incluse dans la double boucle du Grand Paris, bénéficiera à ce titre d’une gare à l’horizon des prochaines années. Il nous apparaît donc légitime que l’Etat s’investisse et investisse pour la réalisation de ce projet à la hauteur des enjeux de démocratisation et d’excellence culturelle qui vous sont chers.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Communiqués

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