La pilule est amère chez les musulmans de Livry-Gargan
Publié le 23 Janvier 2014
Le début d'année a un goût amer pour Mokrane Kitoune, président d'Amel (Association Musulmane d'Entraide de Livry-Gargan). Il a le sentiment que Pascal Popelin, député PS de la Seine-Saint-Denis et premier adjoint à Livry-Gargan, s’est servi de son association pour se faire élire.
« Il a utilisé notre réseau auprès de l’électorat musulman de la ville et de la circonscription et depuis, quand il accepte de nous recevoir, ce qui est très rare, l’échange dure à peine cinq minutes, pour finir par nous dire qu’il ne peut répondre à aucune de nos demandes. Nous l’avons connu plus attentif, ironise M. Kitoune ».
Plus attentif, selon Mokrane Kitoune, c’était en 2012, les mois précédant l’élection à la députation de la 12ème circonscription de la Seine-Saint-Denis, qui regroupe les villes de Livry-Gargan, Clichy-sous-Bois, Vaujours, Le Raincy, Coubron et Montfermeil. Le candidat Popelin aurait cherché à l’époque à « draguer les musulmans de la ville, en promettant de les soutenir et de les accompagner dans le développement de leurs projets sur la ville ».
A Livry-Gargan, dans cette commune de 42 000 habitants, seul le culte musulman ne dispose pas de lieu de prière, malgré la présence d’une forte communauté musulmane. L'entente est alors au beau fixe entre Amel et Popelin.
La première rendra même hommage sur le site de l'UAM 93 au député fraîchement élu. «L'Association des Musulmans de Livry-Gargan tient à féliciter M. Pascal Popelin élu, le dimanche 17 juin 2012, député de la 12ème circonscription de la Seine-Saint-Denis. Ajoutant, qu’elle est fière de ce succès, qui voit la consécration de son dévouement et de son travail ».
L'association, finissant surtout sur ces mots : « Nous sommes aussi totalement convaincus que M. Pascal Popelin saura poursuivre l’écoute et la dynamique positive qu’il a déjà particulièrement engagées envers les Livryens de confession musulmane. Ils ont ainsi écouté notre appel du 6 juin 2012 en apportant leur voix au candidat qui représente à nos yeux l’espoir de la mise en place d’une relation fraternelle et apaisée avec tous les citoyens de confession musulmane de la circonscription».
« Je me suis engagé à rien du tout. Je démens catégoriquement, s’emporte M. Popelin, joint par téléphone. Et quand on veut savoir s’il s’est bien engagé, comme le prétend M. Kitoune, auprès d’Amel, à la veille des élections législatives de 2012, pour soutenir l'association dans ses activités cultuelles et culturelles, sa réponse est sans appel et le ton, très agressif :
« Comment osez-vous me demander cela ? Poser cette question veut dire que vous méconnaissez totalement la loi de 1905, qui interdit aux collectivités d’aider au financement des cultes religieux».
Avant d’enchaîner, de manière très menaçante : « Toute personne qui dira le contraire, fera l’objet de poursuites et aura affaire à mon avocat ». Et de finir, toute en contradiction avec ses précédents propos: « Et puis, je ne suis pas le maire. C’est à lui qu’il faut s’adresser ».
Joint à plusieurs reprises, le maire n'a pas donné suite à nos demandes d'interview. Comme partout en France, le sujet est brûlant à Livry-Gargan et tout ce qui touche à l'islam et aux musulmans, provoque immédiatement de vifs débats.
En 2012, Amel participe à la fête des associations de la ville et M. Kitoune se souvient de quelques remarques : « Des gens voulaient savoir si nous condamnions le terrorisme, si nous projetions d’instaurer la charia, ou ce que nous pensions de la place de la femme dans la société. Cela montre le niveau de fantasme de certaines personnes vivant dans notre commune ; alors on comprend pourquoi les élus sont réticents quand il s'agit de nous soutenir ».
Mokrane Kitoune croyait naïvement que M. Popelin était « différent des autres candidats ». Aujourd'hui, l'heure est à la déception: « M. Popelin a dit qu’il nous soutiendrait et je le croyais sincère quand il disait ça. Depuis son élection, il n’a jamais montré aucune véritable considération pour nous. Nous avons pourtant mouillé la chemise pour lui, continue-t-il amer. On demandait juste qu'il respecte ses engagements ».
Mokrane Kitoune et ses amis n’écartent pas l’hypothèse de monter une liste aux prochaines élections municipales et cantonales. « Parce que nous avons retenu la leçon », conclut-il.
Source : http://www.uam93.com/