Comment les marchands de journaux d’Aulnay-sous-Bois gèrent la pénurie de Charlie Hebdo ?

Publié le 19 Janvier 2015

Il sort son Calepin aux pages griffonnées et fatiguées. « Vous voyez, ça n'arrête pas ! J'ai 900 réservations pour Charlie Hebdo ! Mais avec les douze exemplaires que j'ai reçus ce samedi matin, je ne peux évidemment pas satisfaire tout le monde. » Le patron de la librairie papeterie de la rue Jacques-Duclos, à Aulnay, a l'air épuisé.

Pourtant, dès l'entrée de son magasin, il annonce la couleur : une grosse affiche sur fond noir où l'on peut lire « Je suis Charlie » et une autre où il est écrit qu'il n'y a plus d'exemplaires de l'hebdomadaire disponibles. Pas suffisant pour certains.

Déjà la queue une heure avant l'ouverture du magasin

« Une vieille dame passe trois fois par jour pour le réclamer, commente son employé. Mais quand elle vient, il n'y en a plus et elle râle parce qu'elle s'est déplacée pour rien ! On se fait parfois insulter parce qu'on n'a plus de Charlie ! » Agacé par les réactions de certains de ses clients, le patron regrette presque aujourd'hui d'avoir pris des réservations. Car après quelques jours de vente, il est complètement débordé.

« Ils annoncent 7 millions d'exemplaires mais si j'ai bien compris, l'une des deux imprimeries chargées de l'impression de Charlie Hebdo est en panne, poursuit-il. Du coup, on n'est pas prêt de recevoir des exemplaires ! » Les habitants du quartier qui font la queue dès 5 heures du matin, alors que la librairie ouvre à 6 heures, devront donc encore prendre leur mal en patience. D'autant que les livraisons sont fluctuantes.

A Livry-Gargan, la ville voisine, le patron d'un grand point presse a posé sur le comptoir une affiche « On n'a plus de Charlie ». « Moi j'ai choisi de ne pas faire de réservations. Ici c'est premier arrivé, premier servi ! Et un seul par personne. Mais ça va vite ! En deux ou trois minutes c'est déjà terminé. » Depuis les attentats, la queue devant son magasin à l'ouverture du rideau ne faiblit pas. « On sent que les gens sont stressés mais on fait ce qu'on peut ! », poursuit-il.

A deux pas de là, dans un bar-tabac où l'on vend quelques journaux, la jeune femme à la caisse sourit lorsqu'on lui demande s'il lui reste des exemplaires de « Charlie Hebdo ». « Vous rigolez, j'en reçois deux ou trois par jour alors en 30 secondes tout est déjà vendu, lance-t-elle. Et puis avec le peu de points de vente dans les villes du coin, on est vite pris d'assaut. »

A la librairie de la rue Jacques-Duclos d'Aulnay, toute cette agitation fait quand même bien sourire le patron. Avant la tragédie, il recevait quatre « Charlie Hebdo » par semaine et n'en vendait que deux exemplaires. « Ce qui me rassure, c'est que les gens achètent quand même d'autres journaux, commente-t-il. Mes ventes sont en flèche. » C'est aussi ça l'effet Charlie.

Source article : Le Parisien / Vidéo d’illustration : Aulnaylibre !

 

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #C'est dans le Journal

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