Aulnay-sous-Bois : quatorze enseignants maliens reçus au lycée Voillaume

Publié le 14 Avril 2012

Difficile de quitter, même pour quelques jours, un pays plongeant dans le chaos. C’est l’étrange expérience que vivent en ce moment quatorze enseignants maliens reçus au lycée Voillaume, à Aulnay-sous-Bois. Arrivés le 1er avril pour y suivre une formation en maintenance informatique, ils suivent à distance une situation politique qui inquiète désormais l’ensemble de la communauté internationale et espèrent pouvoir rentrer chez eux le 14 avril.La région de Kayes, dont ils sont tous originaires, dans l’ouest du pays, semble pour l’heure échapper à la vague de violences frappant le nord du pays.

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La délégation était présente à Bamako lors du coup d’Etat militaire qui a chassé le présidentAmadou Toumani Touré du pouvoir le 22 mars. « Nous devions prendre l’avion le 21 mars et nous sommes restés bloqués à l’aéroport. Nous avons donc assisté aux événements », raconte Sékou Tahara Traoré, censeur du lycée de Kayes. Ce dernier assure que la capitale malienne est restée calme au lendemain du coup de force de la junte militaire. Un coup de force qu’il refuse d’ailleurs de condamner : « Personne ne souhaite un coup d’Etat, mais nous en étions arrivés à un point où l’Etat n’existait plus. Le pays était déjà coupé en deux. »

Autour de lui, tous approuvent. Les mots sont durs à l’égard de l’ancien chef de l’Etat, accusé d’avoir laissé les violences s’installer dans le nord du pays. Depuis le putsch de Bamako, des groupes armés ont pris le contrôle des principales villes du nord du Mali. « Ils se font appeler rebelles, mais ce sont en réalité des déserteurs de l’armée libyenne », martèle Salif Tama Samaké, professeur de lettres au lycée de Nioro. « Tout cela n’est que la suite logique de la guerre contre la Libye », renchérit Bakary Kaba Diakité, professeur de philosophie à Nioro. Après la chute du régime de Kadhafi, des centaines de combattants de l’armée libyenne, d’origine malienne, ont, en effet, afflué dans le nord du pays, armés et disponibles pour rejoindre la rébellion touareg ou des groupes islamistes.

 « Ce sont les mêmes hommes, avec les mêmes armes, que ceux qui sévissaient hier en Libye. Ce n’est pas notre guerre », insiste Bakary Kaba Diakité, pointant l’attitude de la France, accusée d’avoir commencé en Libye « une guerre qu’elle n’a pas terminée ». Espèrent-ils une intervention étrangère, française sur le sol malien? « Avec les élections qui arrivent, le gouvernement français ne veut pas prendre de risques », soupire Mohamed Berthé, professeur d’histoire-géographie au lycée de Diema. Bakary Kaba Diakité s’inquiète des conséquences d’un possible embargo international en réaction au putsch de Bamako : « Le Mali est un pays pauvre, qui connaît déjà une crise alimentaire et sociale. C’est la population qui en souffrirait. »

Source information et photo : Gwenael Bourdon, Le Parisien du 7avril 2012

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #C'est dans le Journal

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