Aulnay-sous-Bois : du devenir de l'ancien centre des impôts et des limites de la co-élaboration
Publié le 15 Juin 2011
C'était la grosse actualité du vendredi soir dernier du côté sud de la voie ferrée. The place to be comme disent outre-Atlantique les campeurs qui squattent jour et nuit devant la nouvelle maison de DSK. Même Marc Fretter était là. C'est dire l'importance de l'événement. Au programme il est vrai, une tentative inédite de co-élaboration d'un projet d'aménagement urbain à Aulnay-sous-Bois. Elus et habitants devaient en effet plancher sur le devenir de l'ancien centre des impôts dans le secteur Croix-Blanche.
Inutile de ménager le suspense. L'expérience a tourné court. Si Jacques Chirac avait été dans la salle il aurait dit "elle a fait Pschitt !" Il faut dire que les conditions dans lesquelles s'est déroulée cette concertation étaient particulièrement épouvantables. Entassé comme du bétail à 200 ou 250 dans le réfectoire de l'école république, le public s'est montré peu réceptif malgré les bonnes intentions du cabinet CUADD ( Concertation en Urbanisme et en Architecture pour un Développement Durable) qui a essuyé les plâtres de la démocratie participative à la sauce aulnaysienne.
Rien ne garantit toutefois qu'organisée dans un espace aéré et plus convivial cette réunion aurait rencontré un franc succès. En effet, dés le début, les habitants ont clairement manifesté leur hostilité au projet avant même qu'il ne soit totalement présenté. Les "on n'en veut pas, on n'en a rien à foutre, c'est pas la peine on ne veut pas d'immeubles, on ne veut pas de logements sociaux, on sera devant les pelleteuses" ont fusé dans la salle. Dans un chahut relatif, les deux axes principaux envisagés pour l'aménagement de cette parcelle d'un peu plus de 4 000 m² ont été portés à la connaissance du public.
Hypothèse numéro 1 : 45 logements accompagnés d'une crèche et de la mairie annexe. Hypothèse numéro 2 : 65 logements accompagnés de la seule mairie annexe. La proportion de logements sociaux de ce programme de construction pourrait osciller entre une dizaine et une vingtaine. Des variantes de disposition et de hauteur des bâtiments ont été présentés sans convaincre davantage. L'opinion générale préférait ostensiblement des pavillons ou bien un parc. Plus la soirée avançait et plus les esprits s'échauffaient. Il manquait indéniablement la présence du maire, Gérard Ségura. Aurait-il été capable, lui, de mieux porter et défendre le projet ?
Au rayon des grands absents ou des silencieux, les représentants de l'UMP, des Verts ou du PCF ont remporté la palme. Dans ces conditions, un large boulevard s'ouvrait pour le Parti Radical local et son représentant le plus connu, Jacques Chaussat. Ce dernier a eu le mérite de poser la vraie question fondamentale de cette soirée à savoir quelles étaient les limites de cette co-élaboration entre élus et habitants et à qui appartiendrait la décision finale ? Sur ce point, l'adjoint à l'urbanisme, Guy Challier, a répondu sans ambigüité. Le projet fera l'objet d'un vote en conseil municipal, seul véritable décisionnaire au final.
C'est la fameuse frontière entre la démocratie participative, censée permettre aux habitants d'agir réellement sur les décisions de la mairie, et la démocratie représentative exercée par les élus à travers leurs mandats. Dans les faits, les premiers proposent mais les seconds disposent en tout état de cause. Dans ces conditions, la concertation a pu paraitre largement corsetée ou même déjà ficelée dans la mesure où les riverains devront à priori se prononcer entre les deux hypothèses et ses variantes évoquées plus haut. Une personne dans la salle a ainsi résumé à sa façon la démocratie participative et la manière dont l'exécutif municipal présentait le projet : "c'est avec ou sans vaseline".
Monsieur Chaussat a ensuite poursuivi son propos en pointant du doigt le manque de commerces et d'équipements du secteur rendant inopportun, de son point de vue, une construction trop dense de logements à cet endroit. La soixantaine de places de parking incluse dans le projet d'aménagement ne serait pas non plus suffisante pour résorber les problèmes de stationnement du quartier. Copieusement applaudi, le leader local du Parti Radical a toutefois posé une question qui est un peu tombé comme un cheveu sur la soupe. Il souhaitait savoir avec une certaine insistance quel serait le pourcentage réel de logements sociaux inclus dans cette opération. On n'ose croire que Jacques Chaussat puisse être réticent à une meilleure mixité sociale à Aulnay-sous-Bois dusse-t-elle franchir la voie ferrée côté sud. Alors, quel est le bon taux à son avis ? C'est aussi la question que se pose David dans sa note (ici).
Côté réglementaire maintenant, le projet induit nécessairement une modification du plan local d'urbanisme ce qui a fait réagir Denis Cahenzli actuel co-président du conseil de quartier centre gare, président de l'association des Amis d'Aulnay et ancien directeur des services Voirie et Espaces verts à la mairie d'Aulnay. Il a clairement critiqué "les constructions successives, projet par projet, dans une ville que vous ne maîtrisez plus" laissant entendre l'utilisation de tous les recours possibles contre l'actuel projet. Son intervention a fait remonter à la surface d'anciennes querelles politiques qui ont fait sortir Philippe Gente, l'adjoint à la démocratie participative, de sa réserve habituelle.
Quoi qu'il en soit, les discussions devraient se poursuivre dans le cadre de conseils de quartier élargis pour l'occasion aux habitants du secteur...
Pour être totalement complet sur la question vous trouverez ici le résumé d'Aulnay-Radical et là celui de Petit Louis monté sur le pont pour parler plu.
Stéphane Fleury