Seine-Saint-Denis : 1200 collégiens en plus, mais 65 postes en moins

Publié le 28 Mars 2012

L'inspection académique annonce une réduction du nombre d'enseignants du second degré malgré une hausse des effectifs. Les syndicats protestent.

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C’est toujours une équation qui provoque la colère des syndicats : 65 suppressions de postes dans les collèges alors que 1200 élèves de plus sont attendus à la rentrée. Le comité technique du second degré (CTSD) a livré, hier matin, ses conclusions. Les syndicats ont tous voté contre. Ils dénoncent la baisse d’une année sur l’autre des moyens alloués à l’ensemble des établissements et même à ceux qui sont situés en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Pour de nombreux syndicats, la Seine-Saint-Denis, qui a longtemps bénéficié d’un statut à part en termes de moyens au regard de sa population plus fragile qu’ailleurs, est en train de perdre cette spécificité, alors que les besoins n’ont jamais été aussi criants.

« Il n’y a pas de mystère, avec une telle équation, soit on augmente la moyenne d’élèves par classe, soit on sabre dans les moyens non obligatoires comme les heures de classes dédoublées, les projets pédagogiques, l’accompagnement éducatif, se désole Mathieu Logothétis, délégué départemental du Snes. Du coup, on a le sentiment que les effets du plan de rattrapage de 1998(NDLR : un important effort financier avait été consenti par l’Etat dans le 93 pour donner une nouvelle impulsion dans le domaine de l’éducation) ne sont plus visibles. Et quasiment aucun établissement n’y échappe. » L’ensemble des syndicats estime que cette mesure prouve que l’Education n’est plus une priorité pour l’Etat.

« Le cas le plus flagrant est celui des heures supplémentaires, détaille Mathieu Logothétis. Plutôt que de créer des postes, l’Etat préfère distribuer des heures sup. Résultat : celles-ci composent 7% de la dotation horaire des collèges, ce qui correspond à environ 1,5 à 2 postes par établissement. »
Claire Jeansac, déléguée départementale SUD-
Education, est sur la même longueur d’onde. « On tire la politique éducative vers le bas, s’insurge-t-elle. On se rend compte qu’on se rapproche dangereusement des seuils maximums par classe. »

Ce que dément catégoriquement Marc Bablet, inspecteur d’académie adjoint. « Les moyennes par classe n’augmenteront pas, martèle-t-il. Pour parvenir à ce résultat, nous redéployons les moyens différemment en jouant sur d’autres dispositifs. La Seine-Saint-Denis demeure le département le mieux doté d’Ile-de-France. » Il assure qu’aucun moyen n’a été retiré pour les établissements du réseau école, collège, lycée, pour l’ambition, l’innovation et la réussite (Eclair), sauf en cas de baisse d’effectifs. Enfin, l’inspection se veut rassurante. « Tous ces chiffres sont prévisionnels et un nouveau comité doit se tenir en juin, souligne Marc Bablet. Si nous devons ouvrir des classes supplémentaires, nous le ferons.

Outre l’Etat, les syndicats doivent aussi affronter un obstacle plus insidieux : la lassitude. Depuis le début de l’année, de nombreux collèges se sont mis en grève, ce qui a laissé des traces sur les feuilles de paie des enseignants. Par ailleurs, l’échéance présidentielle paralyse bon nombre d’initiatives. Beaucoup de militants pensent en effet que les cartes de la négociation pourront être redistribuées selon le résultat.

Source  : Sébastien Thomas, Le Parisien du mercredi 28 mars 2012

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Education

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