Les fins de mois difficiles des profs contractuels en Seine-Saint-Denis

Publié le 4 Mars 2014

prof-contractuel.jpgElle avoue connaître des fins de mois plus que difficiles, a dégoté un petit job d'appoint pour mettre du beurre dans les épinards et « s'arrange » avec ses colocataires pour régler les factures. Clairement précaire, Maria* travaille pourtant dans l'Education nationale depuis la rentrée scolaire. La jeune femme de 28 ans n'a pas l'échelon rêvé des enseignants titulaires mais celui de contractuel admissible, un nouveau statut pour ces professeurs qui ont décroché l'écrit du concours l'an dernier et qui enseignent aux élèves à tiers, demi ou temps plein en préparant l'oral du mois de juin. Depuis la rentrée scolaire, nous suivons régulièrement trois d'entre eux pour connaître leurs attentes, leurs réussites, leurs déceptions et leurs angoisses. Globalement, tous sont ravis de leur expérience et espèrent décrocher leur diplôme en juin prochain mais la réalité du quotidien, en dehors de la classe, est souvent compliquée.

« Financièrement, c'est la galère, lâche Maria, pourtant épanouie dans son nouveau rôle de professeur d'histoire-géographie. Et cela ne changera pas jusqu'en juin. » Avec 700 € de salaire mensuel, elle dépense déjà 500 € de loyer dans une 
colocation. « Après, vous enlevez 65 € de transports, 2 € d'abonnement de téléphone, des déjeuners entre 3 et 4 € à la cantine du collège ou de la fac et il ne reste pas grand-chose. »

Si elle reconnaît ne pas encore avoir eu besoin d'aller dans des associations caritatives pour trouver à manger, c'est parce que la jeune professeur a déniché un petit boulot d'hôtesse d'accueil de nuit dans une clinique parisienne. « Ils m'appellent quand ils ont besoin de moi, explique-t-elle. Je me fais presque 100 € par nuit. En novembre, j'ai réussi à faire cinq nuits. Cela permet d'être un peu plus large ces mois-là mais il n'y a aucune garantie. » Son objectif : décrocher son oral en juin pour obtenir une titularisation, sortir de son statut de précaire et empocher un salaire d'environ 1 500 € à la fin de chaque mois. Avec deux bacs + 5 sur son 
CV, Maria reste persuadée que cette expérience sera bénéfique. « Mais en attendant, c'est dur », murmure-t-elle.

Joakim*, lui, avait prévu le coup. En reconversion professionnelle, ce jeune trentenaire, à mi-temps dans une classe de primaire, avait mis de l'argent de côté pour « tenir le coup ». Idem pour Frédéric*, professeur de Lettres modernes au lycée. « Je vois bien autour de moi de jeunes contractuels admissibles dans des situations de précarité importante, souligne-t-il. Notre statut est nouveau et le rectorat tâtonne avec nous. » Déjà en septembre et octobre, la plupart d'entre eux ont eu des retards de versement de salaire. Pas facile pour payer le loyer ou les courses. « On voit bien que notre statut génère des couacs, poursuit Frédéric. Je viens par exemple seulement de recevoir un bulletin de salaire ! »*

* Les prénoms ont été changés.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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