Les bâtiments basse consommation (2/2)

Publié le 24 Septembre 2010

Poursuite de notre voyage en BBC...

Les bâtiments basse consommation réaliseront-ils les économies espérées ?

Dans les bureaux, tout repose sur les usagers     

La basse consommation est plus compliquée pour les bureaux que pour l'habitat, car leur usage, mal maîtrisé, peut faire déraper les consommations. Une difficulté supplémentaire est de maintenir la performance dans le temps car ces bâtiments sont très automatisés : chauffage et climatisation programmés selon les heures, détecteurs de présence déclenchant la ventilation et l'éclairage, détecteurs de lumière commandant les stores... Dès que ces automates se dérèglent, les consommations s'envolent. "Nous avions livré, en 2006, à la chambre de commerce de Valence un bâtiment très performant, consommant à peine 25 kWh/m²/an raconte Olivier Sidler. Deux ans plus tard, les consommations avaient explosé en raison de multiples dysfonctionnements."

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Deux des trois bâtiments construits, pour Icade, porte d'Aubervilliers, à Paris, livrés en 2005 et innovants pour l'époque, ont, lors d'un bilan établi, après un an d'utilisation, par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), révélé des consommations d'énergie deux plus élevées que prévu. Le bâtiment le plus simple s'est révélé le plus sobre, surtout si l'on prend en compte le cout des équipes de maintenance d'équipements sophistiqués.

Vive l'éclairage naturel

Un autre bilan précis, plus récent et probant, a été dressé après un an d'occupation : celui, à Dijon, de la tour Elithis, neuf étages et 32 mètres de haut, inaugurée en avril 2009. Le propriétaire-occupant étant un spécialiste de la question, le bâtiment se veut un vrai laboratoire de la sobriété énergétique, truffé de 1600 capteurs alimentant un état détaillé de toutes les consommations. Le bâtiment n'a pas pu gagner son pari de produire plus d'énergie qu'il n'en consommait. Le total des consommations d'énergie primaire, exceptée l'activité professionnelle, atteint 113 422 kWh, dont il faut déduire celle produite par les panneaux photovoltaïques, 90 562 kWh, soit un déficit de 22 860 kWh.

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Lorsque l'activité professionnelle est prise en considération, le bilan se ternit. Le poste bureautique, notamment, fait grimper la note d'électricité et, constat surprenant, cela coûte plus cher de grimper à pied quatre ou cinq étages que de prendre l'ascenseur, à cause de l'emploi de la minuterie dans un escalier aveugle. "Pour les halls, les parkings, les escaliers, vive l'éclairage naturel !" lance Thierry Bièvre, directeur d'Elithis.

Apprendre à maîtriser les coûts

Le choix de la norme BBC représente encore un surcoût de 10% à 15%. "Pour nous, ce surcoût est plutôt de 15% à 25%, soit, pour une maison, un supplément de 15 000 euros dans le sud de la France et de près de 25 000 euros dans une région comme la Bretagne. Le projet n'est donc rentable qu'avec les aides de l'Etat, reconnaît Loïc Vandromme. L'exigence d'étanchéité du bâti et d'un coefficient de perméabilité à l'air de 0,6 au lieu de 1,5, couramment observé, requiert une mise en œuvre très soignée, qui explique ce surcoût."

Pourtant, dans une étude publiée en juillet, l'Ademe conclut que la basse consommation peut être facilement atteinte en mettant en œuvre des techniques existantes et éprouvées, pour un coût maîtrisé, quel que soit le mode de construction employé. La généralisation de la norme BBC et l'industrialisation des techniques devraient contribuer à faire baisser les coûts. Surtout, "il faut penser sur le long terme, souligne Adrien Bullier, chargé du développement durable à l'Immobilière des chemins de fer. L'énergie ne peut que se renchérir alors que les revenus stagnent, donc investir dans la performance énergétique sera de plus en plus rentable."

Source : Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde du 14 août 2010.

Rédigé par Stéphane Fleury

Publié dans #Urbanisme

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