Le tribunal se prononce sur l’évacuation du camp de Roms près de Bricoman à Aulnay-sous-Bois
Publié le 14 Février 2014
Depuis le boulevard Chagall à Aulnay, les automobilistes aperçoivent les toits serrés, surmontés de maigres panaches de fumée. Un chemin boueux mène jusqu'au bidonville : 76 baraques, rangées le long d'allées détrempées et abritant plus de 200 adultes et enfants roms. « Le camp n'est pas dangereux, assure Sika, jeune père de famille, dans un français hésitant. S'il y a l'expulsion, on va dormir sur la route ? » La menace d'une évacuation plane bel et bien sur ce campement vieux de trois mois. Le tribunal de Bobigny doit se prononcer ce matin, dans une procédure initiée par la ville d'Aulnay-sous-Bois, propriétaire du terrain.
D'une bicoque surgit une jeune femme, une fillette sur la hanche. Elle dit être venue de Roumanie, « pour trouver de l'argent, à manger, parce que là-bas, il n'y a rien ». Elle espère qu'ici, elle pourra nourrir ses petites jumelles, Narchissa et Andra, « Pourquoi le maire ne donne pas du travail ? Il peut maintenant, on est en 2014 », insiste Sika, qui fonde semble-t-il beaucoup d'espoir sur l'expiration, fin 2013, des mesures qui restreignaient l'accès au travail pour les ressortissants bulgares et roumains. Mais pour l'heure, le quotidien reste rude : « on cherche la ferraille, on fait la manche, on travaille au noir, de la peinture, des coups de main... ».
Cinq campements supplémentaires en un an
Un « collectif de soutien aux Roms d'Aulnay », qui compte plusieurs élus Europe Ecologie, intervient régulièrement sur le site. Deux séances de vaccination ont été organisées avec Médecins du monde. « Six enfants ont été scolarisés, quatre autres sont en attente d'une affectation », indique Claire Verger, élue écolo d'opposition. Dans un communiqué publié mercredi, quelques heures après la mort tragique d'une fillette de 8 ans dans l'incendie d'un bidonville à Bobigny, le collectif demandait « aux pouvoirs publics d'équiper d'extincteurs les campements » d'Aulnay et réclamait « des solutions alternatives aux expulsions ».
Dans un courrier adressé aux riverains, mi-janvier, le maire PS d'Aulnay Gérard Ségura justifiait ses démarches en faveur d'une expulsion, en jugeant « inadmissible que des familles vivent dans de telles conditions de précarité et d'insalubrité », évoquant au passage les « nuisances subies par le voisinage et la montée d'une tension croissante liée à des actes d'incivilité de plus en plus sérieux ». La municipalité semble faire face à un afflux de population inédit. « La ville n'a jamais compté autant de campements, note Ronan Viard, directeur de la sécurité. En moins d'un an, on en a vu apparaître cinq. »
Source : Le Parisien