La dernière voiture sort aujourd’hui de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois

Publié le 25 Octobre 2013

C3-Aulnay.jpgLa petite carrosserie grise quittera ce matin l’immense atelier de montage. Et elle deviendra officiellement la dernière des Citroën C3 « made in Aulnay », comme le clamait encore il y a peu un immense panneau surplombant l’usine, au bord de l’autoroute. Le site de PSA, promis à la fermeture en 2014, devrait encore produire des pièces détachées, durant quelques semaines, avant d’entrer dans une léthargie définitive. Les caisses de matériel ont déjà disparu le long de la ligne de production, qui ne fonctionnait quasiment plus depuis la fin de la grève, en mai dernier. Toutefois, l’usine ne fermera pas tout de suite : il reste encore un millier de salariés, sur les 3000 qui y travaillaient au moment de l’annonce de la fermeture, en juillet 2012. Certains redoutaient cette journée, d’autres la jugeaient nécessaire. Elle marque en tout cas la fin d’une aventure industrielle de 40 ans, au cours de laquelle auront été produits 8,5 millions de véhicules, de 14 modèles différents.

La voiture ira au conservatoire Citroën

Ce matin, « dès l’arrivée des équipes », la voiture franchira l’étape des ultimes vérifications : des tests de « roulage » (la vitesse est poussée artificiellement jusqu’à 120 km/h), puis un parcours sur une piste pavée, la « douche » sous de puissants jets d’eau pour vérifier l’étanchéité. Une fois les circuits électroniques passés en revue, et d’éventuelles retouches, le véhicule rejoindra les 500 pièces du conservatoire Citroën, dans l’enceinte même du site industriel. Quelques photos seront prises, mais les salariés ne devraient pas signer la carrosserie — c’était parfois le cas pour le dernier véhicule d’une série. La direction, après un temps d’hésitation, a décidé de tenir la presse à l’écart. Le moment est jugé trop « délicat ».

Un moment « symbolique »

« C’est une invention, cette dernière voiture! Il n’y a plus de production depuis bien longtemps », râle Ahmed, ouvrier polyvalent. La direction de PSA en convient aisément : « Oui, c’est tout à fait symbolique. Depuis septembre, on finissait les stocks, et on n’a pas produit tous les jours. C’est la fin d’une ligne qui s’est vraiment étiolée ». La dernière voiture aura d’ailleurs passé un temps record dans l’atelier de montage, où elle était entrée… avant la pause estivale du mois d’août. Depuis plusieurs jours, elle patientait sous le « tunnel de lumière », au bout de la ligne.

Comme celles qui l’ont précédée, elle est passée entre d’innombrables mains, sur 700 postes de travail différents. « On ne pouvait passer à côté de ce moment, estime encore une porte-parole de PSA. Certains salariés le réclamaient ». Beaucoup ont d’ailleurs défilé ces derniers jours au montage, pour prendre en photo le véhicule, l’examiner de près. L’un d’entre eux a méticuleusement vérifié l’étiquette d’« enlignement » : « En fait, ce n’est pas la dernière voiture engagée sur la ligne », assure-t-il, exhibant la photo d’une autre C3, noire : « C’est celle-ci, la dernière! Mais il en fallait une grise, pour le conservatoire ».

Quatorze modèles en quarante ans

Pour bon nombre d’entre eux, cette journée va faire écho à d’autres épisodes du passé. Durant ses années fastes, l’usine a parfois fêté la fin de la production d’un modèle. En 2008, une séance de photos avait ainsi eu lieu autour de la dernière C3 de la ligne de montage 1, supprimée dans la foulée. Au début des années 2000, se souvient Arktan, désormais en congé de reclassement, « on avait tous signé la Saxo avec des feutres de couleurs différentes! C’était joli. C’était une belle voiture, la Saxo. Mais on pensait déjà la suivante… ».

Jean-Claude Vianne, ancien cadre, désormais responsable de l’amicale des retraités de l’usine, se souvient lui aussi de ces moments de transition : « La dernière voiture n’était pas le plus important. Ce qui comptait, c’était ce qui allait se passer après. Pour le lancement de la Saxo, il y avait eu une grande fête tout le week-end à l’usine. Les gens étaient venus en famille. A chaque coin d’atelier, il y avait un musicien jouant du saxophone, en rapport avec le nom de la nouvelle voiture ».

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #C'est dans le Journal

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