Ils vivent depuis près de 20 ans dans un taudis à Pierrefitte-sur-Seine

Publié le 9 Janvier 2014

pierrefitte.jpgAprès la mort du père, des suites d’une crise d’asthme, une famille de Pierrefitte-sur-Seine, logée dans un appartement insalubre, lance un appel au secours.

La minuscule et proprette rue de Pierrefitte-sur-Seine aligne ses maisons de ville coquettes. Mais au bout du passage Crabouillet, au numéro 4, les jardinets entretenus et les portails refaits à neuf ont disparu. Ici, au rez-de-chaussée d’une grande maison, une famille avec six enfants s’entasse depuis près de vingt ans dans un appartement d’une cinquantaine de mètres carrés.Et si les trois aînés ont quitté le domicile pour échapper à l’enfer, trois jeunes de 15, 16 et 20 ans vivent encore ici avec leur mère.

A l’intérieur, la moisissure assombrit les murs imbibés d’humidité, des fils électriques pendent des plafonds, la lumière du jour ne pénètre plus par les minuscules ouvertures, les toilettes sont inutilisables, les fuites d’eau récurrentes, les locataires découvrent régulièrement des rats morts et les deux petites chambres, en sous-sol, ne suffisent pas à accueillir dignement tous les membres de cette famille sri-lankaise, arrivée en 
France en 1995.

Après plusieurs visites des services d’hygiène de la ville et de l’Agence régionale de 
santé (ARS), le logement a fait l’objet d’un arrêté irrémédiable de la préfecture pour insalubrité avec interdiction à l’habitation. La première fois, c’était en 1999. Mais depuis, alors qu’un nouvel arrêté a été signé en 2013, rien n’a bougé.

Jusqu’en 2010, les parents étaient sans papiers

Et si tous ont supporté en silence ce quotidien indigne pendant des années, la mort du père à 61 ans, le lendemain de Noël, a annihilé toute pudeur. « Ce soir-là, il a fait une crise d’asthme, comme cela lui arrivait souvent, confie Raajitha, 25 ans, l’une des filles de la famille. Mais elle a dégénéré et il est décédé quelques jours après à l’hôpital. C’est évident que l’humidité de l’appartement y est pour quelque chose. » Ce que souhaite la jeune femme, aujourd’hui étudiante en licence sciences sanitaires et sociales? Dénoncer une telle situation, que ses parents ont acceptée probablement parce qu’ils étaient sans papiers jusqu’en 2010. Et tenter de sortir de cet enfer son jeune frère de 15 ans alors que la ventoline ne lui suffit déjà plus et que le corps médical lui conseille une greffe des poumons.

A la mairie de Pierrefitte, on connaît bien l’histoire de cette famille puisque le dossier traîne depuis 1999. A l’époque, les services de la PMI (protection maternelle et infantile) alertent ceux de l’hygiène en détectant de lourds problèmes respiratoires sur le plus jeune frère. Le constat réalisé dans le logement est implacable : absence de chauffage fixe, risque de vétusté ou dysfonctionnement de l’installation électrique, absence de système de ventilation, problèmes d’humidité, suroccupation manifeste, suspicion de peinture au plomb dégradée… S’ensuit un arrêté préfectoral et, en novembre 2013, quatorze ans après, une proposition de relogement temporaire dans une résidence gérée par ADOMA, que la famille juge trop précaire et refuse. Pendant tout ce temps, les parents continuent de verser les 520 € de loyer mensuel au propriétaire, alors même qu’une interdiction à l’habitation a été décrétée en 1999.

Le propriétaire, à la tête d’une société civile immobilière (SCI) d’une dizaine d’appartements, basée à Aubervilliers, loue également des logements en propre dans tout le département. Contacté, il reconnaît percevoir chaque mois le loyer pour son logement de Pierrefitte et prétend qu’il n’a pas pu réaliser les travaux « parce que la famille ne voulait pas partir ». « On ne peut pas les mettre dehors, lance sa femme. On a pitié. Nous, on a fait le maximum, mais ils n’ont fait aucuns travaux. »

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #93 Infos

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