Fête de l’Aïd-el-Kébir : fort de son succès, l’abattoir mobile de Dugny veut devenir pérenne

Publié le 26 Octobre 2012

Pour Abdou Medjahed c’est presque devenu une routine. Demain, ce fermier éleveur de moutons va entamer sa troisième fête de l’Aïd dans l’abattoir mobile implanté sur les 25 ha de l’aire des Vents à Dugny, près du parc de La Courneuve. Depuis 2010, il est à la tête du seul abattoir, ouvert et autorisé, en Seine-Saint-Denis, pour célébrer cette fête musulmane. Dès 9 heures du matin jusqu’à la nuit tombée, et pendant deux jours, 900 moutons seront sacrifiés selon le rituel religieux. « L’abattage commencera vendredi après la prière. Aujourd’hui (hier), il ne nous restait qu’une centaine de moutons à vendre », se réjouit l’exploitant. Dans un département qui compte pourtant l’une des plus fortes communautés musulmanes de France —estimée à plus de 450000 personnes —, aucune structure digne de ce nom n’existait avant 2010.

 

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Clichy veut aussi le sien

Le conseil général de Seine-Saint-Denis et le conseil régional du culte musulman (CRCM) d’Ile-de-France, ont réussi, non sans mal, à trouver un exploitant. Ils ont dû aller le chercher dans l’Oise où Abdallah Medjahed, le père d’Abdou, gère depuis des années les Bergeries d’Aumont, seul site d’abattage de moutons dans le sud de ce département. « Le CRCM m’a appelé. Il cherchait un professionnel, explique Abdou Medjahed. Nous savions qu’il y avait une forte demande : 90% de notre clientèle venait de la région parisienne. » Une convention de mise à disposition temporaire du terrain de l’aire des Vents, dans le parc départemental de La Courneuve, a été signée entre le conseil général et l’éleveur pour cinq ans. « C’est un site immense et super. C’est ici que se déroule aussi la Fête de l’Humanité », s’enthousiasme l’éleveur oisien.

« Depuis 2008, nous avons œuvré à ce projet. Il y avait un véritable déficit de sites agréés. Il n’y a que cinq abattoirs permanents en Ile-de-France, et ils sont éloignés de la Seine-Saint-Denis », souligne Stéphane Troussel, président du conseil général qui souhaite « faire école » avec « cette forme de laïcité innovante et concrète ». Si le département offre le terrain, c’est à l’opérateur d’investir dans les installations. Pas moins de 100000 € ont été nécessaires pour faire tourner l’activité uniquement trois jours par an. « Le retour sur investissement ne se fait pas avant trois ans. Il faut quelqu’un qui ait les reins solides », souligne Olivier Klein, maire PS de Clichy-sous-Bois. Cette année, l’élu espérait aussi ouvrir un équipement identique sur sa commune. Il avait aussi fait appel Abdou Medjahed. « On a beaucoup travaillé, mais M. Medjahed ne pouvait pas assumer financièrement un deuxième lieu, explique le maire. Il reste notre interlocuteur privilégié et nous comptons bien concrétiser ce projet l’an prochain. »

Après l’Aïd, Abdou Medjahed voudrait transformer l’essai sur La Courneuve et rendre son abattoir pérenne. « Nous allons demander à ouvrir toute l’année. Les gens ne consomment pas le mouton uniquement pour l’Aïd. Ils en mangent toute l’année », assure-t-il. Khaled Bouchama, vice-président de la commission halal et abattage rituel au CRCM milite pour l’ouverture d’un deuxième point d’abattage. « La demande augmente tous les ans et l’offre baisse. Nous avons perdu le site d’Elancourt (Yvelines) cette année. Mais nous sommes en contact avec plusieurs municipalités pour un nouvel abattoir mobile. Mais cela ne sera pas avant pas avant 2013, si Dieu le veut. »

Source : Le Parisien du 25 octobre 2012

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Fêtes et Cérémonies

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