Aulnay-sous-Bois : PSA désespère le quartier de la Rose des Vents

Publié le 1 Octobre 2012

PSARECUPElles ont poussé presque en même temps au nord d’Aulnay, et seraient voisines, si la verdure du parc Robert-Ballanger ne s’était immiscée entre elles. La cité de la Rose-des-Vents (initialement appelée cité des 3000) et l’usine PSA Peugeot-Citroën vivent côte à côte depuis près de quarante ans. Le quartier d’habitat social abrite encore la majorité des quelque 300 salariés aulnaysiens du site automobile, et c’est bien ce qui a poussé les syndicats de Seine-Saint-Denis à y tenir leur meeting contre les licenciements samedi.

Entre la cité et l’usine, les rapports ont toujours été complexes. « Ce serait une erreur de croire que la cité a été construite pour l’usine », souligne le maire PS, Gérard Ségura. Il y a pourtant un lien. Dans les années 1960, les terres agricoles du nord d’Aulnay deviennent une vaste zone d’aménagement, où poussent les cités. La construction des 3000 débute en 1967, les derniers immeubles sont livrés en 1972, un an avant l’ouverture de l’usine PSA. De son côté, le constructeur automobile a acheté ses terrains en plusieurs étapes, pour y aménager son nouveau site, dont certains pronostiquaient alors qu’il abriterait jusqu’à 20000 salariés, un seuil jamais atteint.

En 1973, quand les premiers ouvriers arrivent à Aulnay, la cité des 3000 est un quartier moderne, prisé, où règne une vraie mixité sociale. Avec l’entrée en fonctionnement de l’aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy, des hôtesses de l’air et des stewards s’installent dans l’une des tours du quartier, baptisée « tour Air France ». Les plus modestes des ouvriers de PSA doivent patienter avant d’y décrocher un logement, surtout les immigrés, d’abord orientés vers les foyers de travailleurs.

L’usine a ensuite fait vivre des centaines de familles aulnaysiennes, essentiellement à la Rose-des-Vents. « Quand j’étais directeur de l’école Paul-Eluard dans les années 1980, j’avais calculé que 17% des enfants avaient au moins l’un de leurs parents employé par Citroën », explique Gérard Ségura. Yahia Bellakhal, responsable de l’entreprise d’insertion Ricochet, se souvient de ces groupes d’ouvriers « qu’on voyait partir à pied le matin en direction de l’usine ». Il suffit d’ailleurs de se promener au pied des immeubles rénovés, dans le cadre du programme de renouvellement urbain, ou d’entrer dans l’un des petits cafés de la galerie du Galion pour croiser des anciens de PSA, qui content leurs difficultés à joindre les deux bouts avec une retraite modeste.

Le quartier s’est paupérisé. Les responsables de l’antenne sociale de la Rose-des-Vents ont vu affluer un public nouveau, confronté aux problèmes financiers et de logement (45% des familles accueillies en 2010 n’étaient jamais venues auparavant). Ici, le chômage des moins de 25 ans dépasse les 40%. Beaucoup affirment que depuis des années, l’usine recrute moins dans la cité. « Ils préféraient embaucher des gens d’ailleurs, pense Hamid, 27 ans, aujourd’hui sans emploi. J’ai travaillé comme intérimaire au ferrage pendant sept mois, en 2007. Et puis la crise a commencé, ils m’ont viré. »

Reste que la fermeture de PSA aura un impact lourd sur le quartier, qui compte encore, selon Gérard Ségura, « plus d’une centaine de familles de salariés », et sans doute beaucoup d’employés de sous-traitants.

Source : Gwenaël Bourdon. Le Parisien du lundi 1er octobre 2012.

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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