A PSA Sochaux, Isabelle tourne la page Aulnay-sous-Bois

Publié le 12 Juillet 2013

PSAIsabelleIl y a un an, elle apprenait la fermeture annoncée de l’usine d’Aulnay après 18 ans sur place. A 45 ans, l’ouvrière prend un nouveau départ.

 Ne lui parlez plus d’Aulnay. Isabelle Blanchet ne veut pas regarder en arrière. Il y a un an, pourtant, lorsqu’on l’avait rencontrée aux portes du site PSA d’Aulnay, elle le disait avec conviction dans nos colonnes, au lendemain de l’annonce du plan social : « C’est notre vie, cette usine! » Ce morceau de vie-là — dix-huit années passées sur place — vient de s’achever.

Il y a trois semaines, l’ouvrière qualifiée de 45 ans a pris son poste à l’usine de Sochaux (Doubs). Elle y a retrouvé quelques visages familiers, ceux des quelques dizaines d’anciens Aulnaysiens ayant eux aussi obtenu leur mutation au sein de l’usine historique de Peugeot. « On reste solidaires entre nous, on est un petit noyau d’exilés, de résistants », explique-t-elle dans un éclat de rire. Isabelle fait partie du millier de salariés dont PSA indique qu’ils ont trouvé « une solution d’emploi ».

Mais le changement est brutal. Isabelle ne dira rien de cette année éprouvante, d’attente, de tensions, au sein d’une usine qui se savait condamnée. Elle n’en dira pas davantage de sa séparation avec son mari, un salarié de l’usine lui aussi, en mission à l’étranger. Elle avoue simplement : « Moralement, c’est dur. Je suis déracinée. Il faut tout régler d’un seul coup. Le logement, les travaux, le déménagement, les inscriptions des enfants, la maison à vendre… » Elle peste un peu contre l’entreprise : « Une cellule était censée nous aider dans nos démarches pour le déménagement, mais c’est difficile d’avoir les infos! »

Isabelle est arrivée seule, laissant les enfants dans la demeure familiale, à Crépy-en-Valois (Oise), en compagnie de leur grand-mère. « Je viens seulement de trouver un logement, je l’aurai la semaine prochaine. Pour l’instant, j’habite chez des amis, encore des anciens d’Aulnay! Ça m’a permis d’éviter l’hôtel. »

Et puis il y a la découverte de l’usine, de ses ateliers où sont produits sept modèles différents. Isabelle a retrouvé un poste au service qualité. « C’est immense, c’est un labyrinthe, je m’y perds encore! Et ça n’a rien à voir avec nos petites Citroën C3 d’Aulnay! Ici, on est sur du haut de gamme : la 208 coupé, la 3008… » Elle découvre ce nouvel univers avec étonnement : « Les mots ne sont pas les mêmes. On ne parle pas de montage, mais de système. On ne dit pas équipe, mais tournée. Il faut s’y faire! »

D’ici peu, les enfants la rejoindront, dans le nouvel appartement familial. L’usine va fermer en août. « On ne partira pas en vacances, confie Isabelle. On va refaire les peintures, et puis découvrir la région. » Avant cela, cette ancienne déléguée du SIA (Syndicat indépendant de l’automobile) reviendra une dernière fois à l’usine d’Aulnay pour régler quelques formalités et assister à une dernière réunion.

Source : Le Parisien

 

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #Emploi

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