Tarik, témoin du reconfinement à Aulnay-sous-Bois

Publié le 31 Octobre 2020

Son visage grave vous rappelle peut-être le confinement du printemps. Tarik Laghdiri, 35 ans, en fut l'un des grands témoins sur le site Internet du « Parisien ». Chaque semaine dans son « Journal d'un confiné en Seine-Saint-Denis », cet habitant du quartier des Etangs à Aulnay-sous-Bois, employé dans le secteur des assurances, nous livrait son regard plein de lucidité et d'humanité sur la vie sous cloche, sur sa « cité confinée ».

 
Tarik, témoin du reconfinement à Aulnay-sous-Bois

Il y racontait le choc de voir le coronavirus arriver près de chez lui, les difficultés de son vieux père à supporter le confinement, ses propres inquiétudes pour sa sœur infirmière. Son envie de témoigner mais aussi sa sincérité sautaient aux yeux. Les habitants et lecteurs ne s'y sont pas trompés, plébiscitant ce rendez-vous avec un des leurs.

Alors que la France entière est confinée pour la deuxième fois depuis ce vendredi matin, nous lui avons demandé de témoigner à nouveau, avec sa voix et son vécu.

Première sortie. « Je n'ai pas encore assimilé ce nouveau confinement. Il y avait eu une telle onde de choc la première fois. Il y avait un côté totalitaire, cela changeait vraiment les habitudes. Là, ça n'est pas aussi drastique. Je suis sorti acheter le pain, le petit centre commercial du quartier reste ouvert, il y a encore du monde dehors.

L'impact, le choc est moins grand. La dernière fois, on était passés du tout au rien. On passait d'une vie normale à une vie sous cloche. Cette fois, on était déjà sous couvre-feu, cela ne change pas fondamentalement notre quotidien. »

Premier ressenti. « On ne se rend plus vraiment compte de ce qu'on perd, on a perdu notre liberté de mouvement, de choix. Pour l'instant, je n'ai pas l'impression de plus subir que ce que je subissais depuis mars. Je n'ai pas encore eu le temps de le ressentir.

Mais il y a une certaine usure, on se doute que ça ne va pas être respecté à la lettre, surtout dans les quartiers comme chez nous. Ça avait déjà été difficile. On habite dans de petits logements, on est entassés, on ne peut pas couper tout lien social. Ce n'est pas facile de dire : on va rester à 6, 7 ou 8 dans 30 mètres carrés. Et puis certains jeunes ont aussi la désobéissance naturelle. »

Premières inquiétudes. « Mes deux parents, avec qui je vis, sont handicapés et l'état de mon père s'est dégradé depuis le dernier confinement (NDLR : le père de Tarik, 86 ans, souffre de la maladie d'Alzheimer). Ils ont besoin de bras et de jambes. Mon père a besoin de contact social. Ne pas sortir dégrade son état physique et son état mental.

Il n'arrive plus à marcher et en août, il ne s'alimentait plus. Les médecins n'étaient pas surpris, ils nous ont dit : avec le Covid, vous n'êtes pas les seuls. Toutes les personnes fragiles qui traversent cette crise sanitaire perdent en état de santé, c'est une suite logique. Et les médecins nous ont dit qu'il n'y avait pas grand-chose à faire. »

Premières incertitudes. « J'ai des projets cinématographiques en suspens. On a eu de la chance de pouvoir participer au festival Hallnaywood (NDLR : festival de court-métrage qui a été organisé le 3 octobre à Aulnay-sous-Bois), on est passés entre les gouttes. Mais maintenant ? Beaucoup de choses ont été annulées, on ne peut plus avancer comme on le voudrait.

Après le confinement, nous avions réalisé des podcasts « Les Déconfiné_e_s ». On l'a fait une fois par mois jusqu'à aujourd'hui, mais je ne sais pas si on va pouvoir continuer.

On venait aussi de signer pour la mise à disposition d'un local avec le Cap (le centre culturel d'Aulnay), on n'a pas eu le temps d'en profiter ! Et je ne pense pas qu'on y rentrera à nouveau en 2020. En tout cas, le premier confinement avait été productif en terme artistique, je ne sais pas ce que ça donnera cette fois. »

Article complet du journal Le Parisien à lire en cliquant : ici

Source article et photo : journal Le Parisien

 

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #A vos quartiers !

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