Comment votent les musulmans de France à Aulnay-sous-Bois et ailleurs ?

Publié le 4 Novembre 2015

Comment votent les musulmans de France à Aulnay-sous-Bois et ailleurs ?

Une enquête exclusive de l’Ifop analyse les comportements électoraux des Français issus de l’immigration arabo-musulmane. Sans grande surprise, le FN ne remporte pas leurs suffrages.

Objet de tous les fantasmes, le vote musulman méritait qu'on s'y intéresse sérieusement. L'enquête menée par Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Ifop, à la demande de la Fondation Jean-Jaurès et publiée aux Editions de l'Aube, comble un vide.

Un terrain miné

En l'absence de statistiques ethniques, interdites en France au nom de la lutte contre les discriminations, la difficulté pour les chercheurs était de pouvoir isoler, au sein du corps électoral, les électeurs français issus de l'immigration arabo-musulmane. En se basant (avec d'infinies précautions) sur les prénoms des électeurs — et au besoin sur les noms, dates et lieux de naissance — les équipes de Fourquet ont passé au peigne fin les listes électorales de sept villes (Marseille, Roubaix, Toulouse, Perpignan, Aulnay-sous-Bois, Mulhouse et Creil). Bien sûr, on peut appartenir statistiquement au groupe arabo-musulman en étant très croyant ou bien au contraire avoir une pratique religieuse éloignée, voire inexistante.
Ils ont soutenu Hollande en 2012, mais sont déçus

Evalué à 5 % du corps électoral, le vote musulman a « fait » la victoire de François Hollande en 2012. Cet électorat, en grande partie populaire, a voté à 86 % pour lui au second tour de la présidentielle (il a remporté l'élection avec 51,56 % des suffrages). Un vote dopé par le rejet du président sortant et candidat Nicolas Sarkozy. Mais tout change lors des municipales de 2014. Cet électorat, déçu par l'absence de résultats en matière d'emploi et en bute à l'insécurité, s'est massivement abstenu, faisant basculer nombre de villes à droite. A Toulouse comme à Marseille, les candidats PS perdent le plus de voix dans les quartiers où les électeurs de confession musulmane sont les plus nombreux. « Les motivations sont différentes de ce qu'on a pu entendre, et notamment du soi-disant haro sur le mariage pour tous », souligne dans sa préface Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès. A Perpignan, révèle l'enquête, ces électeurs de gauche ont ainsi voté dès le premier tour pour la droite afin de faire barrage au FN !
Un vote marginal pour le FN

« La proportion de personnes d'origine arabo-musulmane est très lourdement structurante du comportement électoral », affirme Jérôme Fourquet. Et il y a un lien étroit — et complexe — avec le vote FN. A Marseille, dans certains bureaux de vote enclavés ou à proximité de quartiers où la population arabo-musulmane est fortement présente, les scores de Marine Le Pen ont flambé en 2012. Mais l'enquête met en évidence des effets de seuil — qui varient selon les villes. Quand le nombre d'électeurs issus de l'immigration arabo-musulmane est très élevé, le score du parti lepéniste retombe. Il ne capte que de façon très marginale cet électorat. « Le FN a encore du travail s'il veut attirer ces électeurs », assure Fourquet.

Source : Le Parisien

Rédigé par Aulnaylibre !

Publié dans #C'est dans le Journal

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article